Voilà quelques conseils pour tous ceux qui comme moi sont tombés sous le charme de ce sublime genre, ou qui désirent simplement en apprendre plus !
Bien sûr, chacun est libre de me faire des remarques quant au contenu de cette fiche, j'en tiendrais compte et je corrigerais. Il faut savoir que le genre est encore mal connu et que les avis divergent...
J'espère que ça vous plaira !!!
Milieu naturel:Toutes les Heliamphora sont des espèces qui prospèrent dans la région des tepuys en Amérique du sud, en grande partie au Vénézuela. Les tepuys sont des hauts-plateaux de quartzite et de grès au sommet desquels les écosystèmes ont été isolés pendant des millions d'années, et ont donc évolué de façon différente, en tenant compte des conditions de vie très particulières de la région. Les Heliamphora poussent donc dans des lieux très difficiles d'accès, dans des marécages à environ de 2000m d'altitude. Là-bas, la luminosité est particulièrement intense, et les températures faibles, le jour, elles dépassent rarement les 25° et la nuit, elles peuvent retomber à 5°, et ce en quelques heures. Les précipitations y sont de plus très importantes, supérieures à 10m d'eau par an. Des zones propices à la flore se sont alors installées dans les dépressions, mais le substrat y est très pauvre, d'où la carnivorité de certaines espèces.
Un peu d'histoire:Le genre fut découvert par les frères Schomburgk en 1839, sa première description fut l'œuvre de George Bentham en 1840. On donna à l'espèce le nom d'Heliamphora (venant marais (Helos), ensuite confondu avec soleil (Helio) + amphore en référence à sa forme et son exposition) nutans (= incliné en référence à ses hampes florales). Elle fut importée en Europe en 1881. Il a fallut attendre 1928 pour que d'autres espèces soient reconnues: H. tatei, notamment macdonaldae et tyleri. En 1937, minor est répertoriée, puis en 1951, H. heterodoxa. Aujourd'hui, les expéditions continuent de découvrir de nouvelles formes dans ces lieux reculés, et il est bien plus que probable que de nombreuses restent à être découvertes.
D'anciennes variétés qui étaient considérées comme des formes d'espèces acquièrent également leur indépendance, c'est le cas d'heterodoxa var. exappendiculata devenue en 2006 H. exappendiculata.
Morphologie:Toutes les Heliamphora se ressemblent beaucoup. Les feuilles, enroulées en ascidies naissent du rhizome. Les pièges sont surmontés par une cuillère à nectar, en général rouge vif et qui contient les glandes nectarifères tout en les protégeant de la pluie. Le mécanisme de capture est assez semblable à celui observable chez Sarracenia, à ceci près que comme chez Darlingtonia, la digestion fait intervenir des bactéries et non des enzymes.
Les urnes d'Heliamphora apparaissent à beaucoup comme primitives par rapport à celles de Sarracenia ou Darlingtonia. En effet, la soudure de la feuille y est beaucoup plus évidente, et l'on y retrouve des "pseudo-folioles" apparent, l'axe central étant proéminent. Certains voient donc Heliamphora comme un ancêtre des deux autres genres, ce qui est bien évidement faux puisque chacun a évolué de son côté.
Culture:Substrat:L'un des points de divergence des amateurs d'Heliamphora. Il doit être assez drainant. Trois types de substrat s'offrent à nous:
- 100% de sphagnum pur
- 50% tourbe et 50%: soit sable de quartz, soit vermiculite, soit perlite
- substrat similaire à celui utilisé pour les Nepenthes, mais qui est peu courant.
Je me permets ici un point de vue personnel: la plante a l'air tolérante. Certaines personnes ayant utilisé le premier substrat on connu de graves problèmes. En effet, le sphagnum peut moisir en profondeur sans que cela ne soit visible en surface. Or, les Heliamphora sont très sensibles aux moisissures, qui, si elles touchent le système racinaire entrainent la mort de la plante en très peu de temps. De plus, le sphagnum ne pousse pas dans le milieu naturel du genre, donc ceux qui choisissent cette option ne le font pas à partir d'un fait naturel. En revanche, le sphagnum peut très bien être utilisé en surfaçage si l'on contrôle sa densité. Attention encore, les Heliamphora de forme juvénile ont vite fait d'être envahies par la mousse en surface et étouffées !
Un rempotage annuel est parfois nécessaire en fonction de l'état des matériaux, mais prudence: les racines comme les ascidies sont fragiles. On observe également après un rempotage comme après un transport une perte de vitesse de croissance flagrante, pouvant aller jusqu'à l'arrêt total pendant plusieurs mois.
Luminosité:Ici se trouve un paradoxe. La condition idéale semblerait être du plein soleil toute la journée, mais ce facteur, à moins d'habiter en altitude, n'est pas compatible avec le facteur vital des températures. Une bonne luminosité, sans plein soleil, semble donc être de mise. Le mieux reste l'utilisation des néons, mais il est tout à fait possible de cultiver des Heliamphora près d'une fenêtre plein sud, en faisant attention que le soleil ne les atteignent pas trop, voire pas du tout.
Températures:La température doit rester fraîche le jour, en dessous de 30°, qui est le strict maximum. Cela montre le paradoxe avec la luminosité. Respecter cette règle est essentiel. Certaines plantes peuvent tenir jusqu'à 45° en présence d'une forte hygrométrie, et avec un hivernage aux températures basses (aux alentours de 5° minimum): il s'agit des espèces ayant trouvé refuge dans la 'Gran sabana' qui environne les tepuy: H. minor et H. heterodoxa 'Gran Sabana'; Mais ne
tentez pas l'expérience, c'est un dernier recours, et les chances de perdre les plantes en sont grandement augmentées.
Un facteur, pour certains non-obligatoire, mais pour tous la clé d'un développement harmonieux, et qui est, dans toute la liste le plus difficile reste l'amplitude thermique jour-nuit. Il faut minimum 8-10°, ce qui est loin d'être évident. J'y reviendrai plus tard.
Attention, il ne gèle jamais dans leur milieu naturel, en conséquence de quoi la température nocturne ne pourra descendre au dessous de 5° sans prise de risque.
5°c <--------> 30°c Hygrométrie:La carence permanente en hygrométrie (en dessous de 60%) entraine des déformations des ascidies ainsi qu'une disparition de la cuillère à nectar. Prévoyez donc un environnement permettant sa rétention.
Autres facteurs liés à l'eau:Arrosage : certains font des "trempes" de temps en temps, d'autres placent le niveau d'eau très haut, presque au niveau du haut du substrat (attention aux moisissures), enfin d'autres laissent une soucoupe comme pour les autres plantes, en drainant bien le fond avec 1 à 2 cm de sable de quartz. Je suis partisan du dernier cas.
Vaporisation : Elle est bénéfique, la pratiquer de temps en temps en prenant bien soin d'attendre que la couche précédente aie eu le temps de s'évaporer. 2 fois par jour semble être bien.
L'eau dans les urnes: Il est capital de remplir chaque ascidie avec de l'eau déminéralisée, tous les 3 jours grands maximum. Le pratiquer tous les jours évite les oublis. Attention, le niveau d'eau baisse très rapidement, surtout chez des espèces à faibles contenance, comme chimantensis. L'eau est indispensable à la digestion bactérienne. Un oubli entrainera un dessèchement de la cuillère à nectar.
Hiver:On fait sensiblement baisser l'arrosage en diminuant un peu les températures et la durée de l'exposition lumineuse. La floraison a lieu en début d'hiver (voire fin d'automne).
Engrais:Quelques cultivateurs conseillent un peu d'engrais par vaporisation. La plante est en effet bien souvent confinée dans nos cultures, donc sans insecte. Je serais plutôt pour fournir un insecte de temps en temps.
Difficulté générale:Les Heliamphora sont souvent vues comme un genre difficile. Je pense au contraire que les plantes sont "relativement tolérantes", pas le type de plante à mourir parce que la température est 3° trop froide quoi. En revanche, la réelle difficulté consiste en satisfaire toutes les conditions ci-dessus, c'est-à-dire fournir à la plante des conditions d'altitude tropicale alors que nous vivons souvent en plaine tempérée. Certaines espèces restent tout de même plus tolérantes (minor, heterodoxa, chimantensis) que d'autres (folliculata, tatei probablement plus difficiles). Les avis divergent sur nutans. Les hybrides sont encore plus tolérants.
Problèmes observables liés à de mauvaises conditions de culture :
Voilà ce que j'ai pu constater :
-Les cuillères sèchent: manque d'eau dans les ascidies
-Les nouvelles ascidies sont mal formées et sans cuillère : manque d'hygrométrie
-Les nouvelles ascidies sont évasées: stress passager dû à un changement dans les conditions de culture ou/et manque de luminosité
-La plante possède peu de coloration : manque de lumière
-Les nouvelles ascidies ont une petite cuillère à nectar : manque de lumière
-Nanisme des ascidies: manque d'hygrométrie
-La plante, adulte, refait des ascidies juvéniles : stress passager, ou état intermédiaire entre l'adulte et le juvénile: un peu de patience !
Multiplication:Je ne m'étends pas : la multiplication sexuée est difficile puisque la fleur acquière la fonction mâle avant d'acquérir la fonction femelle. En tous cas, pas d'autofécondation. Je crois de plus que la germination est assez mauvaise. La méthode la plus simple est la division de touffe, car une plante bien cultivée fait des rejets en période hivernale.
Le Vénézuela chez soi !Il est évident que chacun devra trouver sa stratégie par rapport à la culture des Heliamphores. Le terrarium highland est excellent, de même que la serre froide. A défaut, on peut très bien faire sans avec un peu d'imagination.
Restez attentifs aux réactions de vos plantes afin d'améliorer vos conditions de culture Les espèces :Vitesse de croissance :les Heliamphora sont relativement lentes à la croissance. Cependant, cela dépend des espèces (minor et heterodoxa sont assez rapides par comparaison avec glabra par exemple). Les hybrides poussent globalement plus vite. Il est important de remarquer que les plantes restent un certain temps à l'état juvénile avant de passer adulte.
Voir l'article:
Les Heliamphora, leurs formes, leurs spécificités.
Les hybrides sont plus faciles, les plus communs sont heterodoxa x minor, heterodoxa x ionasii et heterodoxa x nutans.
Pour obtenir plus de photos:http://www.wistuba.com
http://www.humboldt.edu/~rrz7001/Heliamphora.html
http://www.indoorhouse.de/Heliamphora.html
Vidéos:Sur les Drosera et Heliamphora :
http://www.pbs.org/wnet/nature/php/search.php?search=search&keywords=carnivorous&show_title=none&search=Search
Sur le milieu de vie : les tepuis:
http://www.pbs.org/wnet/nature/php/search.php?search=search&keywords=tepuis&show_title=none&search=Search
J'espère que ça vous aura plu!
J'attends vous remarques et vos questions
Sébastien